Alimentation du cheval: analyser le foin pour faire les bons choix
Apprendre à analyser le foin vous permet de faire des choix éclairés lors de l'achat des fourrages et permet de bâtir des rations équilibrées en fonction des besoins de votre cheval. Tour d'horizon de cet outil essentiel à tous les propriétaires de chevaux.
Observations à effectuer
1. Observer sa couleur
Avant même de faire analyser notre foin, il faut d’abord l’évaluer de la plus simple façon qui soit… par le biais de nos sens! Idéalement, on recherche de beaux fourrages verdâtres. Un foin brunit est souvent le signe d’une mauvaise conservation ou d’intempéries à la récolte.
2. Analyser sa composition
On recherche un foin exempt de mauvaises herbes et de toute autre contamination (feuilles d’arbres, branches, etc.).
3. Vérifier sa texture
Plier une bonne poignée entre nos mains. Est-il souple ou a-t’il une rigidité semblable à celle de la paille? En général, plus un foin est mature, plus il sera rigide et plus sa digestibilité sera compromise.
4. Le sentir
Le foin sent-il bon? A-t’il une odeur de poussière ou de moisissure? Ce dernier critère est le plus important de tous, puisque le système respiratoire du cheval est très fragile. Si le foin passe notre évaluation sensorielle avec succès, on peut alors aller à l’étape suivante et le faire analyser en laboratoire. S’il ne « passe pas le test » des sens, il est préférable d'en choisir un autre.
L’échantillonnage
Pour envoyer un échantillon représentatif de notre lot de foin en laboratoire, il est essentiel de respecter certaines règles. Tout d’abord, il est conseillé d’utiliser une sonde à échantillonnage conçue à cet effet.
Ensuite, on multiplie les échantillons. Plus on en prend, plus les résultats d’analyse reflèteront la valeur réelle de notre foin. Si celui-ci est déjà engrangé, on prend des échantillons à travers tout le grenier pour s’assurer d’avoir une représentation de l’ensemble du champ cultivé.
Les règles d’échantillonnage doivent être respectées afin que les résultats d’analyse de laboratoire représentent le plus fidèlement possible la réalité. Nous vous conseillons donc de vous informer sur les bonne procédures d'envoi des échantillons auprès d'un expert-conseil Sollio Agriculture.
Interpréter les résultats
Une fois les résultats d’analyse de foin reçus vient le temps d’interpréter les données. Certaines d’entre elles sont particulièrement importantes afin d’en évaluer la qualité nutritionnelle ou d’équilibrer le programme alimentaire du cheval.
Tout d’abord, le taux de matière sèche (MS) indique le pourcentage du foin qui n’est pas de l’eau, donc le % qui contribue nutritionnellement à la ration. Plus le taux de MS est élevé, plus sa conservation est favorisée et plus faible sont les risques de formation de poussière et de moisissures.
Le pourcentage de protéine brute (PB) varie d’un foin à l’autre dépendamment de sa maturité et de sa composition. Les foins de légumineuses (trèfles, luzernes) contiennent généralement plus de protéine que les foins de graminées (mil, brome, dactyle, etc.). C’est aussi le cas pour les foins moins matures, tels que ceux de 2ième coupe récoltés à un stade de développement moins avancé. Les besoins en PB varient d’un cheval à l’autre selon son âge, son poids, son stade physiologique et son niveau d’activité physique. Les juments poulinières, les poulains en croissance et les chevaux très actifs ont des besoins plus élevés en protéine. Il faut donc s’assurer de servir un foin approprié pour chaque cheval.
Exemples de fourrages adaptés pour différents types de chevaux.
Ensuite, les pourcentages de fibres ADF et NDF nous donnent des indications précieuses quant à la digestibilité du fourrage et à son potentiel de consommation. En général, plus le foin est mature, plus ces valeurs sont élevées et plus la valeur nutritive est compromise.
L’analyse de foin nous fournit des informations sur le pourcentage de minéraux majeurs tels que le calcium, le phosphore, le magnésium et le potassium. On peut également faire analyser le foin pour des microminéraux comme le zinc et le cuivre. Petit rappel, au Québec, les fourrages sont carencés en sélénium, un minéral mineur essentiel pour le cheval.
Puis, on jette un coup d’œil aux HCNS (hydrates de carbones non structuraux), mais plus particulièrement aux pourcentages de sucres solubles à l’éthanol et d’amidon qui influencent la réponse insulinique et qui peuvent avoir un impact sur l’équilibre de la flore intestinale du cheval. Ils sont donc à surveiller plus particulièrement pour les chevaux ayant déjà fourbé ou souffrant de résistance à l’insuline.
Finalement, le taux d’énergie digestible (ED) nous indique la valeur calorique du foin. Plus l’ED est élevée, plus le foin est calorique.
Votre analyse sensorielle de la qualité du foin est aussi importante que celle effectuée en laboratoire. Assurez-vous de ne jamais négliger cette étape lorsque vous achetez des fourrages pour votre cheval.