AlphaGene: la génétique porcine au service de l'élevage en groupe
Alors que les producteurs adaptent leurs installations pour élever les truies gestantes en groupe, AlphaGene a pris les moyens pour offrir des animaux dont la génétique facilite la vie en communauté.
AlphaGene, la filiale de génétique porcine d’Olymel, a acquis la ferme de La Coop Purdel (aujourd'hui Unoria Coopérative), située à Saint-Valérien de Rimouski, au Québec. Elle y a aménagé un nouveau nucléus de sélection et y élève, en groupe, 1200 cochettes en gestation.
« Pour nous, c’est important d’avoir un nucléus qui ressemble aux élevages de production commerciale et qui répond aux nouvelles normes de bien-être animal », explique Nicole Dion, généticienne chez Olymel. Elle précise, au passage, qu’AlphaGene ne vend pas sa génétique seulement au Québec, mais partout au Canada.
Les animaux qui vivent dans des cages toute leur vie et ceux qui vivent dans un environnement libre n’ont pas nécessairement les mêmes comportements avec leurs congénères, poursuit la généticienne. Les porcs sont naturellement portés à vivre en groupe, mais certains sont plus sociables que d’autres. « C’est pourquoi il est important de sélectionner les animaux qui s’adaptent plus facilement à la vie en communauté », dit la généticienne.
Développer une génétique possédant des critères bien précis nécessite généralement une année complète, souligne Nicole Dion. Il faut vivre le cycle entier, c’est-à-dire la gestation, la mise bas et l’élevage des porcelets.
Former un nouveau nucléus
Les truies qui composent le nucléus de Saint-Valérien proviennent de différents sites de finition d’AlphaGene. Plus tard, il s’autoremplacera par des cochettes provenant des sites liés directement à la maternité de Saint-Valérien, c’est-à-dire des producteurs engraisseurs de la région, membres d'Unoria Coopérative.
La généticienne Nicole Dion indique que « dans le nouveau troupeau de Saint-Valérien, on exerce deux activités : la sélection et la multiplication. Une pratique inhabituelle, mais qui comporte ses avantages ». Elle cite l’exemple de deux cochettes sœurs : « Je garderai dans le nucléus la truie que je crois être la meilleure sur la base des valeurs génétiques que j'ai obtenues et j'enverrai l’autre à la multiplication. Mais parfois, je peux me tromper, et c’est celle qui sera en multiplication qui se révélera la meilleure. » Si c’est le cas, la spécialiste pourra ramener cette truie en sélection, puisqu’elle est dans le même bâtiment; une pratique qui, selon elle, accélère l’amélioration génétique.
AlphaGene, un environnement sain
Les animaux sélectionnés par AlphaGene sont reconnus pour être de nature calme. « Les gens qui travaillent dans nos fermes ne sont pas brusques et ne tolèrent pas les animaux agressifs », assure Nicole Dion.
Cet environnement d'élevage ne peut que faciliter l’adaptation des cochettes à la vie en groupe, « un critère qui s’ajoute à tous les autres, soit la taille des portées, la qualité des porcelets, la capacité laitière et les qualités maternelles », dit Marquis Roy, directeur technique chez Olymel. « Dans les troupeaux de nos clients qui se sont convertis à la gestation en groupe, nous avons rapidement constaté que notre animal était bien adapté », poursuit-il. Le taux de mortalité et les problèmes de pattes n’ont pas augmenté, contrairement à ce qui fut le cas dans des troupeaux qui n’utilisent pas la génétique d’AlphaGene.
Rappelons qu’AlphaGene entretient un partenariat de longue date avec Axiom Genetics (autrefois Gène+), entreprise française spécialisée en développement de génétique porcine. Or, en Europe, « ils exploitent des nucléus en groupe depuis 2014, fait savoir Marquis Roy. C’est peut-être la raison pour laquelle nos animaux montrent une certaine habileté naturelle à vivre en groupe ».
Par ailleurs, la génétique AlphaGene ne manque pas d’autres qualités. Ce sont des animaux très prolifiques, qui sèvrent beaucoup de porcelets à chaque portée, et des porcelets très vigoureux , selon Nicole Dion et Marquis Roy. Ce sont aussi des animaux qui, en finition, enregistrent de très bonnes conversions alimentaires et montrent une rapidité de croissance appréciable. Ils répondent aux besoins de la filière dans son ensemble, et à ceux d’Olymel, sur le plan de la qualité de la carcasse et de la viande.
Bâtiments et élevage
Section gestation
AlphaGene a refait à neuf la section gestation d’un bâtiment qui compte 1200 truies et 3600 places en pouponnière. Elle a construit 12 parcs destinés à accueillir 60 truies chacun et a installé trois stations d’alimentation dans chaque parc. Les truies y ont accès à tour de rôle et une porte se ferme derrière elles pour qu’elles puissent manger tranquillement. L’entreprise IEL fournit tous ces équipements, qui sont automatisés grâce à la technologie Maximus.
Section mise bas
Cette section a aussi été refaite à neuf. Le nombre de pièces est réduit, mais le nombre de cages est maintenu à 224. « Nous avons récupéré l’espace qui se trouvait devant les truies pour installer des cages de plus grande dimension, soit 1,8 m sur 2,4 (6 pi sur 8), au lieu de 1,5 m sur 2,1 avant les modifications », précise Sylvain Faucher, directeur d’AlphaGene.
Sur le plan de l’alimentation, l’animal doit toucher un levier pour que le distributeur s’active. « Contrairement à la section gestation, où la quantité est limitée en fonction d’une courbe d’alimentation adaptée à l’état de chair et au stade de gestation de chaque truie, ici, c’est comme un buffet à volonté », s’amuse à dire Sylvain Faucher.
Section saillie
Très peu de travaux ont été réalisés dans cette section, mais AlphaGene a mis à jour la plupart des équipements; Les cages répondent aux standards de l’industrie. Ici aussi, le système d’alimentation distribue les rations en fonction du stade physiologique de l’animal et de son état de chair.
Conduite d’élevage
La production s’effectue selon une gestion en bandes espacées de quatre semaines. Un groupe de 224 truies mettent bas pendant une période s’échelonnant sur trois à quatre jours. Tous les porcelets sont sevrés la même journée, à un âge moyen de 20 jours, puis transférés dans une pouponnière. Cette pratique procure de nombreux avantages en ce qui a trait au travail des employés, mais le plus important est qu’elle offre la possibilité de vider, laver et désinfecter la section mise bas toutes les quatre semaines.
De plus, la production d’un grand nombre de porcelets du même âge lors du sevrage rend possible la gestion en tout plein, tout vide des pouponnières et des blocs d’engraissement. « Nous ne pouvons pas vendre de la génétique si nous n’avons pas un statut sanitaire exceptionnel, affirme Sylvain Faucher. Chez AlphaGene, nous maintenons un excellent niveau de santé et la gestion en tout plein, tout vide s’impose comme un incontournable pour le préserver ainsi. »
Projets d'avenir en génétique porcine
AlphaGene possède deux autres nucléus, où l’élevage se fait en cages. Ils seront ultérieurement convertis en élevage libre. La filiale porcine d’Olymel y produit trois races : Landrace, Yorkshire et Duroc. Déterminée à faire du Bas-Saint-Laurent son fief de sélection en génétique porcine, elle envisage d’y doubler la production en maternité, selon le directeur d’AlphaGene.
Sylvain Faucher tient à remercier les gens de Purdel d’avoir accepté de céder la maternité de Saint-Valérien à Olymel. « Ce geste offre la possibilité à AphaGene de poursuivre son développement dans une région sécuritaire pour la santé de son cheptel », assure-t-il.
Le directeur souligne également la confiance qu’ont manifestée les producteurs de la région. En acceptant de recevoir les porcelets sortant de la pouponnière d’AlphaGene, ils contribuent à produire de futurs reproducteurs en bonne santé et de haut potentiel génétique (voir le texte « Ferme Saint-Eugène »).
Source: Coopérateur. Cet article est initialement paru dans le magazine de janvier février 2021.
Sur la photo, dans l’ordre habituel : Stéphane Pelletier, Nathalie Morissette, Sylvain Labrie et Sébastien Proulx. Étaient absents lors de la prise de la photo: Jean-Claude Beaupré, Benjamin Beaupré et Daniel Cimon (crédit : Olymel).