Cultures fourragères en rotation : suivre les taux de phosphore et de potassium

L’ensilage de maïs constitue une part importante de nombreuses exploitations d’élevage où il forme la base de l’alimentation animale. De fait, optimiser le rendement des cultures destinées à l’ensilage s’avère essentiel à la rentabilité. À l’approche de la période de plantation du maïs, il est bon de revoir votre programme de fertilisation du maïs et vos stratégies de gestion du phosphore (P) et du potassium (K).        
 

Nous sommes nombreux à ne pas bien suivre la fertilité de nos sols ou à croire que les épandages de fumier suffisent à nourrir les cultures. La meilleure façon de vérifier s’il faut augmenter la teneur en certains nutriments est d’analyser régulièrement les sols pour déterminer si la fertilité de base est faible, moyenne ou élevée.

L’analyse périodique permet aussi de dégager des tendances dans la teneur en nutriments de vos sols. C’est un moyen fiable d’évaluer si la fertilité de vos champs augmente ou diminue et si vous devez adapter votre programme de fertilisation.

De nombreux éleveurs sous-estiment le phénomène d’élimination totale des nutriments du sol lors de la récolte des cultures fourragères de luzerne ou de maïs à ensilage. Par rapport à une rotation de cultures céréalières standard, dans laquelle la plupart des cannes ne sont pas enlevées, les taux d’élimination sont beaucoup plus élevés pour les cultures fourragères où le plant entier est prélevé. Vous trouverez ci-dessous trois exemples de rotations de cultures et, dans chaque cas, les taux d’élimination totale du phosphore et du potassium sur trois ans.

Maïs-Soya-Blé

Luzerne-Luzerne-Maïs à ensilage 

Maïs à ensilage-Maïs à ensilage-Maïs à ensilage 

Trois méthodes de gestion du phosphore et du potassium

Il existe trois principales méthodes pour gérer la teneur des sols en phosphore et en potassium.

1. Approche basée sur la suffisance des plantes

Selon le MAAARO, cette méthode est basée sur le niveau de nutriments qui doivent être fournis pour maintenir le potentiel de rendement et obtenir une bonne rentabilité pour l’année en question. Le taux d’élimination des cultures sert à calculer ce qui est retiré du champ lors de la récolte, et ces nutriments sont pris en compte et ils sont épandus de nouveau pour la saison en cours. L’objectif, en ce qui concerne l’élimination des nutriments par les cultures, est de maintenir la fertilité des sols à son niveau actuel et à ne pas la laisser diminuer.

2. Approche basée sur l’enrichissement et le maintien de la fertilité des sols

Cette méthode est généralement utilisée pour les champs dont les teneurs en nutriments sont inférieures aux niveaux optimaux. L’objectif est d’augmenter la fertilité de base jusqu’à un niveau prédéterminé où la rentabilité, le rendement des cultures et les considérations environnementales sont tous pris en compte. Les niveaux optimaux raisonnables sont considérés comme étant de 20 ppm pour le phosphore et de 120 ppm pour le potassium. Le producteur calcule la quantité d’engrais nécessaire pour amener les niveaux de fertilité du sol au niveau optimal, en tenant également compte du taux d’élimination annuel de la culture. On constate fréquemment que l’augmentation nécessaire dépasse celle qu’on pourrait raisonnablement attendre après un seul épandage. Dans le cas ci-dessous, l’épandage d’engrais supplémentaire peut se dérouler sur plusieurs années.

3. Approche basée sur la réduction de la richesse des sols

Il convient de noter que, dans certains cas, la méthode appropriée consiste à diminuer la teneur en nutriments et à la maintenir à ce niveau si l’analyse du sol révèle des teneurs très élevées, en particulier pour le phosphore.

Étude de cas de gestion du phosphore et du potassium

Dans ce premier exemple, le producteur a préparé son champ pour l’ensilage de maïs de l’année à venir. Les résultats des analyses de sol indiquent que la teneur en phosphore est de 15 ppm et la teneur en potassium, de 100 ppm. Ces niveaux sont considérés comme modérés et sont légèrement inférieurs aux niveaux optimaux de 20 ppm de phosphore et de 120 ppm de potassium. Voici trois recommandations pour ce producteur basées sur la méthode de fertilisation suffisante du MAAARO, le remplacement des nutriments enlevés du sol par les cultures et la méthode d’augmentation et de maintien.

Différentes stratégies recommandées pour la fertilisation d’un sol destiné à produire 25 Mt par acre en ensilage de maïs

¹ L’augmentation de la teneur en P du sol de 1 ppm nécessite 35 lb/acre de P₂0₅, tandis que l’augmentation de la teneur en K du sol de 1 ppm nécessite 20 lb/acre de K₂O.

* Ces taux sont trop élevés pour être atteignables en un seul épandage annuel. Le producteur devra choisir un délai plus long pour que les analyses de sol indiquent le niveau souhaité.

Rappels importants

• L’analyse des sols est la clé qui permet d’élaborer une stratégie de gestion de la fertilité des sols. L’attention portée aux niveaux de fertilité du sol à intervalles fréquents portera ses fruits en ce qui concerne le rendement et sa régularité au fil du temps.           
   

• Le fourrage peut enlever du sol de grandes quantités de phosphore et de potassium. Un apport de fumier, d’engrais ou d’autres amendements est nécessaire pour compenser ces taux d’élimination élevés.           
   

• La correction rapide des taux après les analyses de sol et la maximisation de la rentabilité pour l’année en cours sont possibles au moyen de la méthode de fertilisation suffisante du MAAARO (c.-à-d. les recommandations du MAARO).           
   

• Les stratégies à long terme de gestion du phosphore et du potassium et l’augmentation de la productivité des cultures devraient prendre en compte les taux d’élimination des cultures et les niveaux optimaux d’analyse du sol (c’est-à-dire la méthode « Augmentation et maintien »).

Source: La version originale de cet article est parue sur le site de Maizex.