Effets de la fumée des feux de forêt sur les cultures de maïs
L’été apporte son lot de défis aux producteurs agricoles de l’Ouest du Canada : sécheresse, grêle, chaleur extrême et, parfois, fumée dégagée par les incendies de forêt. Ce dernier phénomène étant de plus en plus fréquent chez nous, voyons quels sont les effets potentiels de la fumée sur les cultures de maïs et leur développement.
En juillet 2021 au moment de rédiger cet article, 258 incendies de forêt faisaient rage en Colombie-Britannique, et la fumée qui s’en dégageait avait atteint l’Alberta, provoquant des conditions enfumées et brumeuses. Or, ce n’était pas la première fois que la fumée des feux de forêt restait en suspension dans l’air sur de longues périodes; 2015 et 2018 ont été des années record pour le nombre d’heures de fumée enregistrées sur le territoire albertain.
L’effet positif de la fumée des feux de forêt
L’effet de la présence de fumée d’incendie dans l’air sur le développement des cultures de maïs dépend de la durée du phénomène. Si les conditions brumeuses ne durent qu’une semaine, cela ne suffira probablement pas à retarder la maturation des plants ni à réduire le rendement de la plupart des cultures.
Vous pourriez en fait bénéficier de la réduction de la chaleur créée par la fumée. Les journées sont légèrement plus fraîches en raison de la lumière directe du soleil qui n’arrive pas à percer l’écran de fumée.
Ces conditions peuvent être avantageuses au moment de la floraison mâle des plants de maïs et au début du processus de pollinisation. Lorsque la panicule d’un plant de maïs répand son pollen pour polliniser les soies de l’épi, une température très chaude et sèche peut provoquer la fermeture prématurée des soies. Cette situation empêche la pollinisation; dans certains cas, elle peut aussi entraîner une réduction de la viabilité et de la libération des grains de pollen.
Une température plus fraîche est susceptible de retarder légèrement la floraison, ce qui donne au plant un peu plus de temps pour polliniser autant de grains que possible.
L’effet négatif de la fumée des feux de forêt
Si les conditions enfumées persistent au-delà de la pollinisation, pendant la période de remplissage des grains, il pourrait y avoir des effets négatifs sur les aspects suivants :
Nombre de grains
Rendement
Qualité de la tige
Maturation
D’un point de vue physique, la fumée peut provoquer un fort déficit de saturation (air plus sec) qui peut déclencher la fermeture des stomates. Comme le fait remarquer Jay Whetter sur le site Country Guide : « les plants ferment leurs stomates en réaction à la fumée, et de ce fait, la maturation et la floraison sont retardées. La fumée ralentit tout le développement biologique du plant. »
Si la fumée réduit le rayonnement solaire pouvant atteindre le couvert végétal des champs de maïs pendant le remplissage des grains, le poids des grains et le rendement peuvent s’en trouver diminués.
(Crédit photo : Danielle MacCallum)
Un rayonnement solaire réduit (en raison de conditions atmosphériques nuageuses ou enfumées) peut également modifier l’important équilibre entre la source de carbone et le puits de carbone dans le plant de maïs.
Lorsqu’il y a pollinisation, la demande en carbone devant être acheminé à l’épi est forte. Ce carbone provient de la photosynthèse dans les feuilles et la tige. Si le rayonnement solaire est réduit, les feuilles ne peuvent pas répondre à la demande de l’épi, et le plant commence à se cannibaliser. Durant certaines saisons, une période de remplissage des grains caractérisée par un temps particulièrement nuageux a entraîné une baisse du rendement en grains, mais aussi de la robustesse des tiges, car le carbone avait été extrait de la tige pour remplir le grain.
Que faire en cas de conditions enfumées?
Cela dit, il n’y a pas grand-chose à faire pour éviter les effets de conditions enfumées. Voici toutefois quelques éléments à surveiller dans votre culture de maïs :
Pollinisation : le fait de retirer les enveloppes avec précaution et de tapoter doucement l’épi peut assurer la pollinisation au stade VT-R1. Les soies se détachent des grains qui ont été pollinisés, mais restent attachées aux grains non fécondés.
Qualité des tiges : si le couvert végétal diminue, il est important de recenser les champs où la qualité des tiges est réduite afin de déterminer le moment optimal de la récolte.
Humidité et maturation : des conditions enfumées peuvent altérer le processus normal de maturation du maïs à ensilage ou du maïs-grain. Plus la fumée persiste, plus il faudra de temps pour que les plants s’assèchent et atteignent le taux d’humidité souhaité pour la récolte.
Crédit photo : Danielle MacCallum. Conditions enfumées et brumeuses en Alberta en juillet 2021.
Source: La version originale de cet article est parue sur le site de Maizex.
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