Pluies abondantes, qualité du foin : les enjeux pour vos chevaux
Les pluies abondantes et fréquentes amènent leurs lots de défis pour les producteurs de foin et les propriétaires de chevaux. Les fauches repoussées de semaine en semaine et le temps de séchage limité ont pour conséquence de diminuer la qualité des fourrages, autant sur le plan nutritif que sanitaire. Voici quelques astuces sur la manière de traiter cette problématique et ses solutions possibles.
Comment reconnaître un foin humide ?
On considère qu’un foin n’est pas suffisamment séché lorsque son taux d’humidité est de plus de 14 % (matière sèche < 86 %). Résultat : des moisissures et de la poussière s’y forment, provoquant des problèmes respiratoires chez le cheval s’il y est exposé de façon prolongée. La présence de mycotoxines dans un foin humide peut aussi mener à des problèmes de santé importants.
Le taux d’humidité peut être déterminé par un testeur électronique, par une analyse en laboratoire ou par une analyse visuelle. Plusieurs signes peuvent indiquer qu’un foin est humide, comme :
L’odeur de poussière ou de moisissures ;
Une couleur grisâtre, blanchâtre, ou un foin noirci ;
La présence de poussière lors de sa manipulation ;
La présence de chaleur au centre de la balle de foin*
*Attention, un foin trop humide peut surchauffer et mener à une combustion spontanée (incendie).
Les conséquences d’une fauche tardive
Lorsque la fauche est repoussée de semaine en semaine en attente d’une météo plus clémente, il faut savoir que les valeurs nutritives en sont affectées. Une fauche tardive a pour effet de :
Diminuer la teneur de protéine ;
Réduire la digestibilité du foin et sa teneur calorique ;
Diminuer son appétence et sa consommation volontaire (favoriser le gaspillage) ;
Réduire le % de minéraux.
Mais comment limiter ces effets ?
Adapter la ration de vos chevaux
Vous pouvez soit :
Mélanger le foin mature avec un foin de deuxième coupe ou un foin de luzerne. Assurez-vous alors que les différentes coupes de foin soient accessibles dans le grenier à foin ou la grange durant toute l’année ;
Remplacer une partie du foin par un substitut à haute teneur en fibres digestibles tel que l’EconoFoin. Le servir mouillé, à raison de 1 kg pour chaque kilogramme de foin substitué ;
Servir un supplément de vitamines et minéraux approprié selon l’analyse de foin et ajuster la quantité servie. Par exemple, le supplément Tonix, contient un niveau de fibres et de protéines digestibles plus élevé que le supplément EquiBalance. Il doit cependant être servi en plus grande quantité ;
Ajouter le supplément protéique Topp40 à la ration journalière si le cheval maintient une condition de chair adéquate, mais que la teneur en protéine est insuffisante pour combler ses besoins et maintenir sa masse musculaire,
Ajouter une moulée complète à la ration journalière ou augmenter la quantité offerte si le cheval n’est pas en mesure de maintenir une condition de chair entre 5 et 6 sur 9 en mangeant le foin uniquement.
Attention !
Il est essentiel de ne pas servir de foin poussiéreux aux chevaux pour prévenir les troubles respiratoires. Néanmoins, si pour une courte période, le seul fourrage disponible contient une petite quantité de poussière, il est possible d’en limiter l’impact négatif :
En le laissant tremper dans l’eau fraîche de 10 à 30 minutes avant de le servir ;
En remplaçant une partie du foin par un substitut de foin tel que l’EconoFoin, à raison de 1 kg par kilogramme de foin. Si la totalité du foin doit être remplacée, on opte pour un mélange 50 : 50 d’EconoFoin et gros cubes de luzerne ou mil/luzerne.
Pour les chevaux présentant des problèmes respiratoires chroniques, un « purificateur à foin » (aussi appelé « hay steamer ») peut être une option. Toutefois, attention aux purificateurs faits maison. Si la température de 90 °C n’est pas atteinte au centre de la balle pendant au moins 10 minutes, le procédé peut mener à la multiplication de bactéries pathogènes plutôt qu’au contrôle des microbes et des particules respirables.¹
À noter que les filets à foin sont à éviter lorsque le foin est poussiéreux, car ils augmentent la quantité de particules en suspension et d’endotoxines respirables dans la zone respiratoire du cheval.
Opter pour des balles de foin enrobées
Lorsque la météo ne permet pas de récolter un foin suffisamment sec, certains producteurs se tournent vers les balles de foin enrobées de plastique. Ce type de conservation permet de récolter le foin à un taux d’humidité aussi bas que 50 %. La conservation est alors assurée par une fermentation anaérobique qui diminue le pH du foin.
Pour les chevaux, il est plus courant de trouver sur le marché des balles de foin dites « semi-sec » enrobées à environ 70 % de matière sèche. Plusieurs précautions sont à prendre lorsque ce type de fourrage est choisi, puisque le risque de botulisme est augmenté et peut en résulter des conséquences graves, voir la mort :
Les chevaux devraient être vaccinés en prévention au botulisme (à discuter avec son vétérinaire) ;
Une grande attention devrait être portée à la manipulation des balles enrobées pour garder le plastique intact. On veut éviter à tout prix l’introduction d’air qui mène à une fermentation secondaire et à une détérioration du foin ;
Les chevaux devraient consommer les balles ouvertes en 2 à 3 jours maximum (été, hiver). Il faut donc s’assurer d’avoir un nombre suffisant de chevaux pour que le foin soit consommé dans ce délai.
Ajouter un agent de conservation
On peut aussi trouver sur le marché du foin traité à l’acide propionique tel que le Solution Foin. Ce préservatif est appliqué au moment de la mise en balle lorsque le taux d’humidité se situe aux alentours de 20 %. Ce conservateur permet de créer un environnement impropre à la formation de levures et de moisissure. L’acide propionique est sécuritaire pour les chevaux, mais ceux-ci peuvent déceler l’odeur particulière des balles traitées et la consommation peut en être réduite au départ. La majorité des chevaux viennent qu’à s’y habituer graduellement.
Sources :
1. Meriel J.S. Moore-Colyer, Jessica L.E. Taylor, Rebecca James. 2016. The Effect of Steaming and Soaking on the Respirable Particle, Bacteria, Mould, and Nutrient Content in Hay for Horses, Journal of Equine Veterinary Science, Volume 39: 62-68.
Dany Cinq-Mars, agr, Ph.D. L’alimentation du cheval pour éviter ou contrôler les problèmes respiratoires. Division nutrition et alimentation, MAPAQ, Direction de l’innovation scientifique et technologique. 3 mai 2004.
Krishona Martinson, University of Minnesota; Dan Undersander, University of Wisconsin. What’s the Value of Rained-On Hay as Horse Feed? Forage Focus, December 2015
Ivester, K.M., Couëtil, L.L., Moore, G.E., Zimmerman, N.J. and Raskin, R.E., 2014. Environmental exposures and airway inflammation in young thoroughbred horses. Journal of veterinary internal medicine, 28(3), pp.918-924.
Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de l'Ontario. L’ensilage préfané et le foin traité pour les chevaux. https://www.ontario.ca/fr/page/lensilage-prefane-et-le-foin-traite-pour-les-chevaux. 24 mai 2022.
Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales. Combustion spontanée et feux de foin. https://omafra.gov.on.ca/french/livestock/dairy/facts/hayfires.htm