Valoriser les réductions des émissions de GES des entreprises agricoles
Les entreprises agricoles peuvent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce à leurs sols et à leurs pratiques culturales et d’élevage, ainsi qu’en valorisant leurs lisiers, fumiers et matières organiques résiduelles. Sollio Agriculture analyse le potentiel d’émission de crédits carbone de ces pratiques.
Il existe deux méthodes de valorisation des réductions des émissions de GES pour les entreprises agricoles : le marché des crédits compensatoires (offsetting) et la rémunération directe par l’entremise d’initiatives de réduction de l’empreinte carbone dans les chaînes de valeurs agricoles (insetting). Valoriser les réductions des émissions de GES requiert d’abord leur quantification selon des protocoles reconnus, puis une vérification qui en assurera une réelle valorisation.
Comment sont calculées les compensations?
La quantification et la valorisation des données liées à la réduction des émissions de GES nécessitent une bonne capacité de documentation à la ferme, ainsi que l’accès à un bon système d’archivage numérique.
Les contraintes liées à la quantification et à la vérification diffèrent en fonction de la méthode de valorisation, soit le offsetting ou le insetting, mais dans tous les cas, ces méthodes visent à chiffrer les réductions des émissions de GES et à verser une rémunération au producteur agricole.
Par exemple, les coûts de transaction et de gestion du risque pour valoriser des réductions de GES sur le marché des crédits compensatoires peuvent entraîner une retenue de 40 % à 60 %. C’est-à-dire que si une entreprise agricole réduit ses émissions de GES de 1 000t CO2 eq selon un protocole reconnu, après vérification et transaction, elle recevra un montant correspondant à la vente de 400 à 600t CO2 eq.
D’autres éléments doivent également être considérés afin de choisir la méthode la plus appropriée pour valoriser les réductions des émissions. En outre, l’accès au marché des crédits compensatoires est transitoire. C’est-à-dire qu’il permet de valoriser les réductions de GES issues de la mise en place d’une nouvelle pratique ou d’une technologie par le producteur, et ce, en fonction d’un seuil de référence déterminé par un protocole reconnu. Lorsque la nouvelle pratique ou technologie devient la référence, les réductions de GES ne sont plus valorisables.
Il faut également savoir que la valeur des crédits compensatoires est volatile et dépend de la nature du marché ainsi que des protocoles. Par exemple, les marchés réglementés (offsetting) au Québec ou au Canada présentent des valeurs souvent plus élevées, mais les protocoles sont plus contraignants que les marchés volontaires qui sont reconnus pour être plus flexibles.
Enfin, les approches de la méthode insetting permettent d’envisager une rémunération plus prévisible et pérenne de la mise en place de nouvelles pratiques ou technologies par les entreprises agricoles. Elles peuvent également s’inscrire dans une stratégie de réduction des GES de leurs partenaires d’affaires.
Le rôle de Sollio Agriculture dans la valorisation des réductions d'émission de GES
La Ferme de recherche en productions végétales ainsi que l’équipe de responsabilité d’entreprise de Sollio Agriculture explorent actuellement les moyens de valoriser les réductions de GES en agriculture, que ce soit à travers les marchés du carbone ou d’autres types d’initiatives.
De plus, AgConnexion, la plateforme numérique intégrée de Sollio Agriculture mise à la disposition de ses clients et des réseaux de détaillants, présente un potentiel technologique pour accompagner ces occasions.
En réponse à l’intérêt des producteurs et des détaillants du réseau de Sollio Agriculture pour ce type de programmes, la division agricole de Sollio Groupe Coopératif étudie les meilleures méthodes pour favoriser et soutenir la mise en place de bonnes pratiques, par exemple, la remise de crédits en argent.
Sollio Agriculture souhaite valoriser davantage les efforts de réduction de GES chez les producteurs et travaille à structurer la collecte des données agronomiques nécessaires pour alimenter les protocoles de quantification sur lesquels s’appuient ces initiatives.
Les travaux en cours démontrent que les méthodes offsetting et insetting peuvent être complémentaires dans une stratégie carbone à la ferme, mais l’équipe vise d’abord à bien évaluer le potentiel des différentes approches et à développer une solution économique viable.
Source: La version originale de cet article est parue dans le magazine Coopérateur.