Bien alimenter le cheval de performance
Les chevaux de compétition doivent faire preuve d'endurance et de puissance plusieurs jours par année. Comment retarder la fatigue musculaire? Comment favoriser la récupération? Établir un bon programme alimentaire est la clé du succès d'un cheval de performance.
Des besoins nutritionnels élevés
Tout d’abord, afin d’établir un programme alimentaire adapté, il est important de savoir que les besoins nutritionnels varient significativement d’un cheval à l’autre dépendant de son niveau d’exercice. La fréquence et l’intensité des entraînements doivent donc être prises en compte afin d’ajuster correctement les rations selon les niveaux d'exercice:
Léger: 1-3 heures/semaine, 40 % pas, 50 % trot, 10 % galop
Modéré: 3-5 heures/semaine, 30 % pas, 55 % trot, 10 % galop, 5 % petits sauts ou autres
Intense: 4-5 heures/semaine, 20 % pas, 50 % trot, 15 % galop, 15 % galop intense, sauts ou autres
Très intense: Varie selon le type d’entraînement, de 1 heure/semaine haute intensité à 6-12 heures/semaine travail léger
Le Tableau 2, adapté de l’ouvrage de référence scientifique Nutrient Requirements of Horses du NRC illustre bien la variation des besoins en énergie (calories), en protéines et en quelques micronutriments pour un cheval de 500 kg allant d’un niveau d’exercice léger à très intense. Pour combler ses besoins nutritionnels de plus en plus élevés, il est nécessaire d’apporter des modifications graduelles à la ration en augmentant les quantités de foin et de moulée servies ainsi qu’en offrant des aliments plus digestibles et nutritifs.
Par exemple, pour passer d’un entraînement léger lors de la saison hivernale à un travail soutenu durant l’été, il est tout à fait approprié de faire une transition graduelle d’un foin de graminées (mil, dactyle, brome) à un foin contenant un certain pourcentage de légumineuses (luzerne, trèfle). Si un tel fourrage n’est pas disponible, on peut aussi opter pour un foin sec coupé plus hâtivement ou, mieux encore, donner accès à un bon pâturage lorsque c’est possible. Il est également approprié d’augmenter graduellement les quantités de moulée et de supplément servies. On déterminera quel genre de changements apporter à la ration en considérant la condition générale du cheval, l’augmentation de sa charge de travail, son environnement, son comportement et les aliments disponibles.
Besoins nutritionnels du cheval de 500 kg selon le niveau d'exercice
(Tableau adapté du NRC 2007.)
L'importance d'un accès facile à l'eau
Bien sûr, il ne faut pas oublier que le besoin en eau accroit considérablement avec l’augmentation de l’intensité de travail, et ce de façon encore plus significative lorsque la température ambiante est chaude et humide. D’où l’importance de leur donner accès à de l’eau fraîche et propre à volonté et ce, en tout temps.
Avec l’aide de certains aliments et de quelques bonnes pratiques alimentaires il est possible d’influencer le comportement de son cheval au travail, de promouvoir son endurance musculaire et de faciliter sa récupération afin de maintenir un bon niveau d’entraînement quotidien et de performer lors des compétitions.
La fatigue musculaire et comment la retarder
Plusieurs facteurs causent la fatigue musculaire et ceux-ci dépendent grandement du type de travail effectué, qui peut être soit aérobique ou anaérobique. Un travail aérobique consiste en un entraînement cardiovasculaire léger où l’oxygène est le principal carburant des muscles. Un travail anaérobique consiste en un entraînement d’intensité élevé où l’apport seul en oxygène n’est pas suffisant pour soutenir le travail musculaire. On retrouve ci-bas des exemples de chaque type de travail.
Activités équestres principalement aérobiques :
Pas
Trot
Période de réchauffement
Randonnée de loisir
Plaisance western
Attelage de plaisance
Cours d'équitation pour débutant
Entraînement en liberté
Endurance
Voltige
Aactivités équestres principalement anaérobiques :
Sprint de galop
Saut d'obstacles
Cross-country
Course attelée
Derby d'attelage
Manœuvres de reining
Course de barils
Tir de chevaux lourds
Gymkhana
Rodéo
Il est conseillé de faire boire le cheval à des intervalles réguliers lors d’entrainements de longues durées et de servir des électrolytes afin de compenser la perte minérale causée par la transpiration. La principale source de fatigue musculaire lors d’un travail aérobique est la déshydratation et la perte de minéraux tels que:
le sodium;
le chlore;
le magnésium;
le potassium.
Le foin est également un allié important pour prévenir la déshydratation. Il agit, lorsque le cheval boit suffisamment, comme un réservoir d’eau qui contient des niveaux élevés de potassium et de magnésium.
Du côté du travail anaérobique, la fatigue musculaire est plutôt causée par l’épuisement des réserves de glycogène musculaire et l’accumulation d’acide lactique. On peut comparer le glycogène musculaire au réservoir d’essence d’une voiture. Tout comme le réservoir d’essence fournit le carburant nécessaire pour faire rouler le moteur, le glycogène est la principale source de glucose qui permet de produire l’énergie nécessaire pour performer.
La consommation de grains de qualité ou l’utilisation d’une moulée complète à base de grains contribue à réapprovisionner les réserves de glycogène musculaire puisqu’ils sont une source importante d’amidon.
Par contre, il est recommandé d’éviter de servir un repas riche en sucre et amidon trois heures avant l’activité physique puisque cela a pour effet d’accélérer l’utilisation des réserves de glycogène et de diminuer l’effet positif des matières grasses. Il est fortement recommandé d'attendre une bonne heure après la période de récupération pour servir un repas de concentrés au cheval.
Peu importe le type d’entrainement pratiqué, il est important de suivre certaines règles d’or afin de maximiser les performances du cheval et prévenir les problèmes digestifs et métaboliques reliés à l’alimentation.