Fourrages: comment avoir de bons rendements, peu importe la météo
Les conditions météorologiques des dernières saisons ont fait la vie dure aux plantes fourragères. Beaucoup de producteurs ont l’impression qu’ils doivent complètement changer leurs façons de faire. Certains réussissent à bien se tirer d’affaire année après année, quelle que soit la météo. L’hiver est un bon moment pour se questionner, s’informer et élaborer un plan permettant une meilleure résilience des systèmes fourragers à la ferme. Voici quelques éléments pour commencer la réflexion.
Bien connaître son type de terre et sa structure
Si on veut réduire les impacts des conditions météos difficiles, il faut savoir sur quoi on cultive. C'est ce qui permettra de prendre les bonnes décisions pour:
Réduire la compaction;
Chauler;
Fertiliser convenablement
Maintenir ou augmenter la matière organique;
Réduire la compaction permet un enracinement plus profond et un meilleur accès à l’eau. Une bonne structure de sol donne la possibilité à l’eau de bien pénétrer dans le sol au lieu de ruisseler.
Le chaulage a un impact positif sur la structure du sol et sur la disponibilité des éléments nutritifs. Le pH doit être autour de 6,8 pour favoriser la croissance et le regain de la luzerne.
La fertilisation assure une croissance rapide et une meilleure survie à l’hiver. Un bon couvert végétal permet de diminuer l’effet asséchant des vents. Alors, une bonne survie à l’hiver procure une meilleure couverture de sol, ce qui diminue du même coup l’évapotranspiration.
Réussir ses implantations
Les semences de plantes fourragères doivent reposer sur un lit de semence ferme, être entourées de petits agrégats de la grosseur d’une graine de luzerne, avec des agrégats légèrement plus gros à la surface du sol.
Il est essentiel d’avoir un sol ferme avant de semer. Il faut donc rouler avant de semer. L’équipement utilisé pour le semis doit permettre une incorporation des semences à une profondeur allant de 0,6 à 1,2 cm (¼ à ½ po), et jusqu’à 2 cm (¾ po) dans les sols sableux. Passer le rouleau sur la terre après le semis uniformise le travail et offre aux semences un bon contact avec le sol.
Les fétuques, les bromes et le dactyle ont de meilleurs regains en été et lors de périodes sèches. Leurs semences, plus grosses, doivent être semées avec l’équipement approprié.
Les opérations de semis doivent être exécutées avec précision. Il est plus payant de prendre le temps de calibrer la machinerie, de vérifier la profondeur de semis et de rouler avant de semer que d’avoir à recommencer lorsque l’humidité du sol vient à manquer.
Utiliser les bons fertilisants, au bon moment
Il faut répondre aux besoins en fertilisants au bon moment et en utilisant la bonne quantité. Tout d’abord, assurez-vous que la fertilisation prévue répond aux besoins totaux en azote, phosphore, potassium et soufre. Un apport non comblé peut affecter le rendement, le regain, la tolérance à la sècheresse ou la survie à l’hiver.
Les épandages de fumier ou de lisier en été, tout de suite après la coupe, devraient être privilégiés, sauf en période de grande sècheresse. Les applications après la coupe du mois d’août sont aussi intéressantes pour leur apport en potassium. Évitez d’épandre du lisier sur une luzerne qui a amorcé sa repousse, même en fin de saison, car les dommages dus au passage de la machinerie laisseront des traces sans luzerne, qui se rempliront de mauvaises herbes. Utilisez la variété de luzerne à collet profond 3010, mieux adaptée au passage de la machinerie.
Investir dans des semences de qualité
Si économiser sur les semences pour une implantation de très courte durée peut sembler assez logique à première vue, en calculant un peu, on se rend compte que ce n’est pas du tout rentable.
La différence de rendement entre les meilleures luzernes sur le marché et les moins performantes est énorme.
Malheureusement, rares sont ceux qui mesurent précisément le rendement des prairies. On peut constater des différences de rendement de 4 t/ha de matière sèche pour la première année de production dans les essais que nous menons à notre Ferme de recherche en productions végétales.
Si on met la valeur des fourrages à 225 $/t de matière sèche, une luzerne à haut rendement peut générer jusqu’à 900 $ de plus à l’hectare la première année. De quoi payer amplement une variété très performante, même pour une rotation très courte.
Une variété de luzerne adaptée à votre besoin sera plus rentable qu’une vieille luzerne à bas prix:
Luzerne Amina: vous visez une qualité d’ensilage et des plants avec beaucoup de feuilles et moins de tiges;
Luzerne Althea: Vous avez une régie de coupe rapide et vous voulez un regain et une survie à l’hiver supérieurs;
Luzernes Isabella et Slingshot: Vous visez le juste équilibre entre rendement et qualité et vous garderez vos prairies plus longtemps;
Luzerne Magnum 8-Wet: Vous avez quelques champs variables avec des zones un peu plus humides;
Luzerne 3010: Vous fertilisez avec des lisiers et voulez faire moins de dommages à la luzerne.
Enfin, des sols en bonne santé, avec des pH élevés, une bonne fertilité et une bonne teneur en matière organique, seront plus résilients face aux caprices de Dame Nature. Le semis de plantes fourragères doit être effectué avec précision, et ça vaut la peine d’y investir temps et argent, car des prairies performantes et bien établies, c’est payant!
Source: Coopérateur. Cet article est initialement paru dans le magazine de janvier-février 2021.