L'impact du stress thermique sur les vaches en traite robotisée
Le stress thermique peut impacter les vaches laitières (et leurs performances au robot de traite) dès le mois d'avril. Et les effets négatifs de la chaleur peuvent se faire sentir jusqu'à l'automne. C'est ce qui ressort des plus récentes données analysées par Sollio Agriculture.
À la lumière des données analysées, il apparait évident que le stress thermique impacte nos fermes laitières de façon beaucoup plus importante que ce que nous pensions au départ. Et, sans mesure correctives, le phénomène risque de s'accentuer si on en croit les statistiques d'augmentation de température au Canada.
Voyons comment le stress thermique peut avoir un impact négatif sur la production de lait, et plus spécifiquement en traite robotisée.
Les impacts du stress thermique sur les vaches laitières
Le stress thermique peut affecter l'activité journalière, le bien-être animal, son état de santé et, en bout de ligne, les performances technico-économiques de la ferme.
Nous savons depuis longtemps qu’à partir d’un THI de 68, (Indice combinant : température et humidité), la vache commence à subir un stress. Ce stress peut affecter :
La consommation volontaire de matière sèche (-10% à 20%);
La production de lait (-10% à 35%);
La production de composantes (gras et protéine);
Les performances de reproduction;
La santé ruminale et la santé des pieds et membres.
Si on additionne à cela les possibles répercussions négatives sur la vache en fin de gestation, sur son veau et sur la future vache en devenir, nous avons plusieurs raisons de prendre au sérieux le stress thermique.
Comment la chaleur affecte les performances au robot?
L’animal, sous stress thermique, verra sa température corporelle, son taux de respiration et son rythme cardiaque augmenter. Elle augmentera sa consommation d’eau, mais la rumination et la motilité intestinale diminueront.
Son comportement va aussi changer. La vache bougera moins et marchera moins en général. Et elle passera plus de temps debout pour favoriser une évacuation en surface de sa chaleur.
La température corporelle normale de la vache se situe autour de 38,6 °C. Comme démontré dans une étude publiée dans le Journal of Dairy Science, une température corporelle de 38,93 °C indique une probabilité de 50 % qu’une vache soit debout au lieu de couchée.
Il ne faut donc qu’un écart de 0,33 °C pour exercer une influence sur le comportement de la vache.
De plus, on estime que la température de l’environnement à laquelle une vache souffrira de la chaleur est de 5 °C inférieure si elle produit 45 kg au lieu de 35 kg de lait (Berman, 2005).
Comme le stress thermique a des impacts sur le comportement des vaches, les effets sont amplifiés en robotique. Parce que si les vaches changent leurs activités, les passages au robot risquent d'être affectés.
Six mois par année
Sollio Agriculture s’est penchée sérieusement sur le dossier du stress thermique en 2024.
Nous savons que la température du lait est fortement corrélée à la température corporelle. Nous avons donc étudié la température du lait, dans certaines entreprises, sur une période d'au moins deux ans.
Lorsque nous avons relevé ces données, nous avons été à même de constater que, déjà en avril, nous avions atteint l’écart de 0,33 °C favorisant les changements de comportement de la vache.
Le tableau suivant est un exemple d’une ferme où on peut observer la température moyenne du lait pour le troupeau sur une période de deux ans.
On peut voir dans le graphique une augmentation de la température à partir du mois d’avril. Pour la plupart des fermes, le retour à la température corporelle initiale a été observé vers la fin octobre, début novembre.
Ça donne six mois pendant lesquels la vache est dans une zone thermale où elle risque de changer son comportement.
La ferme de l'exemple ci-dessus avait une ventilation qui nécessitait des ajustements, mais une grande majorité des fermes observées avaient des gradients de température similaires. Les fermes qui avaient une ventilation plus adéquate avaient des gradients plus faibles et des baisses de production plus faibles aussi, mais atteignaient quand même le fameux 38,93 °C assez régulièrement.
Pertes financières causées par le stress thermique
Nous avons analysé les données de Lactascan pour la ferme exemple qui compte environ 180 kg de quota. Dans ce cas, la perte de revenu liée au stress thermique est évaluée à 2 500 $/mois pour les trois mois les plus touchés et environ de 1000 $/mois pour les trois autres mois.
Ça donne un total estimé à 10 500 $ de pertes annuellement.
Chaque entreprise agricole est unique, mais le stress thermique est bel et bien présent dans la majorité des fermes d'ici, dans une mesure beaucoup plus grande que ce qu'on évaluait auparavant.
Tous les producteurs devraient donc prendre le temps de bien analyser l’impact du stress thermique sur leur troupeau laitier.
Vos experts-conseils sont en mesure, par l’analyse de différentes données, d’évaluer cet impact dans votre ferme et pourront vous guider vers des solutions correctives pour augmenter la rentabilité et le bien-être animal de votre ferme.